Le séisme de magnitude 4,6 qui a été ressenti le 25 février sur la côte sud-est de la France, est l'un des plus forts enregistrés dans la région de Nice, qui présente une forte sismicité en raison de la présence de failles au large en Méditerranée. Mais il est loin d’être exceptionnel : en effet, sur un peu plus d’un siècle, on ne dénombre pas moins de trois séismes de magnitude équivalente ou supérieure : 4,7 le 21 avril 1995, 5,8 le 19 juillet 1963 et 6,2 à 6,5 le 23 février 1887 !
Et ce n’est pas le seule région à forte sismicité : la carte du zonage sismique en France comporte 3 autres zones de même niveau dans les Pyrénées orientales, les Pyrénées centrales et au sud de l’Alsace, ainsi que des zones de sismicité notable dans les Alpes de Haute Provence, les Alpes du Nord, l’Auvergne, et le reste des Pyrénées et de l’Alsace.
Ces risques sont-ils pris suffisamment au sérieux ?
Oui en matière de réglementation concernant la construction. Même si le Code de la Construction et de l’Habitation n’y fait qu’une référence très discrète – l’article R112-1, le dispositif réglementaire est complet : décret du 14 mai 1991 plusieurs fois modifié, arrêté du 29 mai 1997 relatif à la classification et aux règles de construction parasismique applicables aux bâtiments de la catégorie dite "à risque normal", règles applicables aux bâtiments, dites "règles PS 92" (norme NF P 06-013). Sans compter que les plans régionaux de prévention des risques ont toute latitude pour fixer des règles encore plus sévères !
Plusieurs aspects interviennent dans la réalisation d'un projet de construction parasismique : la nature du sol, la qualité des matériaux, la conception générale associant une rigidité du bâti (résistance) et une élasticité suffisante (déformabilité), l'assemblage des différents éléments composant le bâtiment (isolateurs ou amortisseurs de fondations, chaînages, éléments absorbeurs d'énergie, contreventements horizontaux et verticaux, joints parasismiques), la protection parasismique des équipements et réseaux divers, sans oublier la qualité de l'exécution des travaux…
Et les techniques préconisées ont fait leurs preuves dans des conditions autrement spectaculaires !
Est-ce suffisant pour autant ?
D’une part la réglementation n’est pas forcément appliquée avec le sérieux requis, alors même qu’elle n’entraîne pas nécessairement de surcoûts importants : entre 1 % et 2 % lorsque les critères parasismiques sont intégrés dès le début d'un projet. La France étant un pays à risque moyen, les professionnels du bâtiment sont peu motivés et les architectes ont très peu de connaissances spécialisées. On peut espérer un respect satisfaisant des règles dans les immeubles collectifs, en raison notamment de l’intervention des bureaux de contrôle, encore qu’une circulaire du ministère de l’environnement d’octobre 2000 déplorait que trop de maîtres d’ouvrage leur commandaient une mission de base excluant implicitement la mission complémentaire PS relative à la sécurité des personnes dans les constructions en cas de séisme… Alors, que penser de la construction de maisons individuelles ?
Par ailleurs, ces normes et la réglementation correspondante sont récentes et ne s’appliquent qu’aux constructions neuves, aux adjonctions de constructions ou aux surélévations, ainsi qu’aux reprises importantes de structures effectuées sur des bâtiments existants. Au rythme du renouvellement du parc immobilier – un siècle en moyenne – ses effets restent en réalité encore très marginaux.
Le locataire ou l’acquéreur d’un logement dans un immeuble ancien réalisent-ils la différence de risque qu’ils prennent par rapport à un logement dans un immeuble neuf ou récent ? C’est peu probable, d’autant que la diffusion des consignes de sécurité relatives aux risques avant, pendant et après un séisme, pourtant prévue dans les plans de prévention, reste pour le moins confidentielle, alors même que l’on connaît son efficacité dans les pays qui vivent avec une sismicité permanente. Elles sont pourtant d’une simplicité biblique ! Rappelons-en quelques éléments (petit test pour les habitants des régions concernées…) :
Avant : repérer les points de coupure du gaz, eau, électricité, fixer les appareils et les meubles lourds, préparer un plan de regroupement familial ;
Pendant : se protéger la tête avec les bras, ne pas allumer de flamme ;
- à l'intérieur : se mettre près d'un mur, une colonne porteuse, ou sous des meubles solides ; s'éloigner des fenêtres ;
- à l'extérieur : ne pas rester sous des fils électriques ou ce qui peut s'effondrer (ponts, corniches, toitures...
- en voiture : s'arrêter et ne pas descendre avant la fin des secousses ;
Après la première secousse : se méfier des répliques, il peut y avoir d'autres secousses ; ne pas prendre les ascenseurs pour quitter un immeuble, vérifier l'eau, l'électricité : en cas de fuite, ouvrir les fenêtres et les portes, se sauver et prévenir les autorités ; s'éloigner des zones côtières, même longtemps après la fin des secousses, en raison d'éventuels raz-de-marée…
Mais bien entendu, tout cela n'arrive qu'aux autres !
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