Diminution des demandes de crédits immobiliers, hausse des prix des logements dans les centres tendus des grandes métropoles, baisse ailleurs, et rebond saisonnier des ventes moins marqué qu’à l’habitude, laissant de côté de larges secteurs de province. Telles sont les caractéristiques d'un marché immobilier hésitant, dégrisé après l'euphorie du 1er semestre 2017 ! Là où les prix augmentent (+8% sur un an à Paris et à Bordeaux, +9% à Lyon...), l'allongement de la durée des prêts accordés ne peut plus compenser la hausse des prix qui ampute la solvabilité des candidats à l’achat sur la plupart des territoires. Et encore, les vendeurs peuvent se féliciter que les taux d'intérêt restent sages (1,7% sur 20 ans en moyenne), ce qui ne saurait durer, même s'il n,'est pas anticipé de hausse spectaculaire...
C'est ce qui ressortait déjà des chiffres du Baromètre des prix immobiliers LPI/SeLoger pour le mois de mars 2018, et confirmé par ceux du baromètre mensuel d'avril de MeilleursAgents.com, qui analyse le marché immobilier résidentiel à Paris, en Ile-de-France, dans les dix et cinquante plus grandes villes de France et en zone rurale. Mais les tensions ne s'exercent pas partout : ainsi, face à une demande déprimée, les prix reculent toujours à Besançon, au Mans et à Mulhouse. Alors qu’ils sont à peu près stabilisés sur un an à Clermont-Ferrand, Grenoble, Limoges, Nice et Tours. Au total, d'après LPI, seules 25% des villes de plus de 100.000 habitants voient leur prix augmenter nettement.
Par contre, les prix des logements neufs ont baissé en mars : -0,7%, au cours des 3 derniers mois. Ce recul n’a rien d’exceptionnel à cette période de l’année, mais il s’inscrit aussi dans un contexte de contraction de la demande suite à la dégradation des soutiens publics directs au neuf (PTZ et dispositif Pinel) sur de nombreux territoires et à la suppression des aides à l’accession. La commercialisation des logements neufs avait commencé à reculer dès le 4ème trimestre 2017, particulièrement dans le segment de la maison individuelle, qui a quand même enregistré un rebond au 1er trimestre. Un chiffre ne trompe pas : la demande de crédits immobiliers a chuté fortement depuis deux trimestres, ce qui se retrouve dans le ralentissement des mises en vente des promoteurs : -12,5% en nombre de nouveaux crédits mis en place en trimestre glissant, -7,4% en glissement annuel.
Selon Michel Mouillart, opérateur scientifique des observatoires LPI/SeLoger et Crédit Logement/CSA, il ne fait plus de doute que la conjoncture va continuer à se dégrader, sur tous les fronts. Et même sur celui de la construction locative sociale à la différence de ce qui se constatait encore il y a un an, lorsque le nombre de logements locatifs sociaux commencés s’affichait à haut niveau. La politique du gouvernement à l'égard des bailleurs sociaux laisse même présager un vrai trou d'air, ce qui ne va pas manquer de se répercuter sur le bâtiment...
Il reste pourtant une région dynamique en matière de construction : l'Ile-de-France ! Elle contribue largement, du fait de son poids dans la construction nationale (20% des logements autorisés et 19% des logements commencés), aux résultats nationaux : les estimations nationales s’élèvent à 496.300 logements autorisés (+3,7% sur les douze derniers mois) et 425.800 logements commencés (+9,2%). Selon les dernières estimations en date réelle, le nombre de logements autorisés en Ile-de-France au cours des douze derniers mois (avril 2017 à mars 2018) s’élève à 99.300, soit 7,7% de plus que sur les douze mois précédents (avril 2016 mars 2017). Dans le même temps, 81.000 nouveaux logements ont été mis en chantier, soit une augmentation de 12% par rapport aux douze mois précédents. La dynamique créée par le Grand Paris n'y est certainement pas étrangère !
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