Un portrait social de la France déprimant
Chaque année, l'INSEE dresse le "portrait social" de la France : démographie, éducation, emploi, revenus, conditions de vie. L'édition 2010 comporte un volet logement, malheureusement basé sur des données de 2006, mais mettant en évidence un phénomène qui n'a pu que s'amplifier : le creusement des inégalités face au coût du logement ; si tous les ménages consacrent une part plus importante de leurs ressources aux dépenses de logement (loyers, remboursements d’emprunt, charges) que 10 ans auparavant, la hausse a été plus forte pour les ménages à faibles ressources (les 30% des ménages les plus modestes) que pour ceux plus aisés.
C’est le cas pour tous les statuts d’occupation (propriétaire, accédant à la propriété, locataire du parc privé ou du parc social), mais plus particulièrement pour les locataires du parc privé. Pour ces derniers, la hausse plus rapide des loyers des ménages à faibles ressources s’explique en partie par la légère augmentation de la surface de leurs logements. Au m2, leurs loyers ont augmenté à un rythme proche de celui des autres locataires (33% pour les ménages à faibles ressources, 31% pour les autres). L’amélioration de la qualité des logements n’explique qu’une petite partie de cette progression des loyers au m2. L’essentiel est expliqué par la hausse générale des prix des loyers.
Or on peut avoir des revenus corrects et pourtant vivre inconfortablement, par exemple dans un logement trop exigu en région parisienne. Cela influe fortement sur la qualité de vie que L'INSEE s'est aussi attachée à analyser dans son édition 2010.
Le mythe du "tous propriétaires" mis à mal
Selon une idée bien reçue, le taux de propriétaires-occupants progresse en France, même s'il reste en retrait par rapport à d'autres pays européens, grâce notamment à des politiques publiques qui facilitent l'accession à la propriété. Faux, affirme l'IEIF (Institut de l'épargne immobilière et foncière) dans une étude de novembre 2010 intitulée "Logement : la dérive des solvabilités" ; une série statistique, pourtant elle-même largement diffusée corrige cette idée reçue : de juin 1989 à juin 2007, c'est-à-dire au cours des vingt dernières années, le taux de propriétaires a progressé seulement parmi les ménages à hauts revenus.
Pour les classes moyennes, il a connu une nette augmentation dans la décennie antérieure (de 45 à 54%) et n'a plus progressé jusqu'en 1995 ; il a chuté ensuite puis, malgré un rebond de 2001 à 2004, s'établit à 46% en 2007, c'est-à-dire au même niveau que vingt-sept ans auparavant !
Quant au taux de propriétaires parmi les bas revenus, qui était de 46% en 1980, après une hausse à 51% en 1989, il chute régulièrement et, malgré un léger rebond de 2001 à 2004, il n'est plus que de 33% en 2007.
Ce phénomène est lié au creusement général des écarts de revenus entre les classes aisées et les autres, largement constaté ces dernières années, mais aussi au creusement des écarts de progression des revenus entre les secteurs géographiques. Il s'ensuit, indique l'étude, une première dérive en matière de concentration spatiale des richesses puisque les secteurs où les revenus les plus hauts se regroupent sont aussi ceux qui connaissent la plus grande valorisation du patrimoine immobilier. Les ménages concernés, une fois devenus propriétaires dans les secteurs les plus prisés, voient de surcroît leur patrimoine se valoriser plus vite que dans les autres secteurs.
Mais si les ménages, qui achètent après avoir revendu un bien de qualité, bénéficient de la revalorisation forte du parc ancien, ce n'est évidemment pas le cas des ménages primo-accédants, en particulier les jeunes. Il en résulte une seconde dérive de la solvabilité tout au long de la décennie, d'abord en location malgré l'inertie du marché locatif, bien plus considérable pour la primo-accession malgré des conditions de financement qui n'ont cessé de s'améliorer.
Sur les territoires les plus sensibles, on assiste alors à un véritable phénomène d'exclusion : une part de plus en plus faible des ménages y dispose du revenu nécessaire pour acheter au prix moyen proposé. Dans certains départements (à Paris du fait principalement de la hausse des prix, en Seine-Saint-Denis, Val-d'Oise ou Bouches-du-Rhône parce que les revenus ne suivent pas), "l'accession à la propriété d'un logement appartient aujourd'hui, pour la majeure partie de la population qui y vit, au monde des chimères", conclut l'IEIF...
L’étalement urbain pèse aussi sur le budget
Une autre étude de l'INSEE montre que les dépenses d’énergie liées au logement et au transport, qui constituent 8,4% de la consommation des ménages français, (4,8% pour leur résidence et 3,6% pour leur moyen de transport individuel), n'a pas diminué depuis 20 ans, malgré les efforts d'économie d'énergie réalisés ; cette part budgétaire consacrée à l’énergie, appelée "effort énergétique", est restée relativement stable, passant après un pic de 11,6% en 1985 à 8,4% en 2006. En cause : l’étalement urbain, qui augmenta la consommation énergétique pour les transports et l’augmentation de la surface moyenne des logements, les logements étant plus grands en milieu rural : il s’agit le plus souvent de maisons individuelles, ce qui implique une plus grande consommation de chauffage. De plus, les ruraux se chauffent davantage au fioul que les urbains. Or le type de combustible utilisé est, dit l'INSEE, un facteur déterminant de la facture énergétique du logement.
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Commentaire posté par
Serge D
, le
30/12/2010 à 10h53 Le fait que l'INSEE n'ait osé basé sa statistique que sur les chiffres de 2006 (pour ne pas "mouiller" quelqu'un ?) en dit long sur ce que doit être l'état actuel.
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Commentaire posté par
Asso_Loc
, le
22/11/2010 à 21h50 Un problème dénoncé déjà depuis longtemps (voir forum) et que tout le monde feint de découvrir. Trop tard !
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Commentaire posté par
Bronto
, le
22/11/2010 à 18h07 Vous oubliez de parler de l'appel du magazine Marianne et sa pétition en ligne :
http://www.mesopinions.com/Pour-une-vraie-politique-du-logement-petition-petitions-b42f0e2d864f97ebcb1361dd164be30f.html
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