Les agents immobiliers ont-ils du souci à se faire ?
Le
25/9/2000
Malgré l'apparition il y a plus de vingt ans des réseaux de franchisés, puis des grands fichiers communs accessibles par Minitel puis aujourd'hui par le Net (Fnaim et Orpi notamment), le marché de la transaction reste très inorganisé. Mais avec l'arrivée en force de l'Internet, sommes-nous au bout des bouleversements ?
Moins du quart des 12.000 agences appartiennent à des réseaux franchisés ou capitalistiques et aucun grand fichier commun (Fnaim et Orpi notamment) ne rassemble plus de 20% de l'offre globale.
Par ailleurs, seule la moitié des transactions se fait par leur intermédiaire et à peine 8% des mandats sont exclusifs !
En réalité, la profession se débat depuis son apparition dans un véritable cercle vicieux : les vendeurs n'accordent pas leur confiance à un seul professionnel et tentent même en général de vendre par eux-mêmes, les professionnels ne s'excitent pas pour un bien qui est dans toutes les agences du quartier, ce qui ne les valorise pas aux yeux des vendeurs et les rend évidemment avares d'exclusivités. Sans compter qu'avec un taux d'échec sur mandat obtenu de plus de 80%, ils sont obligés pour vivre de pratiquer des taux de commissions élevés, ce qui achève de boucler le cercle vicieux…
Pourtant, il y a matière à rendre un service utile et efficace, car traiter entre particuliers n'est pas forcément la panacée !… Au demeurant, il est de grands pays où la presque totalité des transactions se conclut par l'intermédiaire d'un professionnel (les Etats Unis notamment).
Malheureusement, il y a peu de chances que les professionnels d'eux-mêmes s'auto-organisent pour redresser une situation qui n'a pas évolué depuis des décennies ; la Fnaim et l'Orpi, puis les franchises ont montré leurs limites dans leur capacité à créer une nouvelle génération de professionnels plus efficaces et mieux formés au service client, et par ailleurs la multiplication des réseaux - la Fnaim vient d'ajouter à son enseigne un réseau de franchisés, « l'Adresse » - nuit à leur développement et brouille leur image au yeux de la clientèle.
Le salut ne peut donc arriver que de l'extérieur. mais d'où ?
Probablement pas de l'Internet et des net-entrepreneurs qui ont investi la Toile. En effet, le Net ajoute à cette confusion plus qu'il n'offre une alternative (voir notre article L'immobilier sur le Web), et de toute façon un site Web ne remplacera jamais le contact humain et les talents d'un bon négociateur !
D'autres « outsiders » sont cependant possibles : des acteurs dotés des moyens financiers de réorganiser le marché ! Selon les Echos (28/9/2000), Carrefour réfléchirait très sérieusement à un concept d'agences à taux de commission réduits, s'appuyant bien entendu sur un site Internet…
Reste à savoir si ce n'est pas une réédition d'opérations antérieures, comme le lancement d'« Agences 1 » (à l'époque, c'était un grand promoteur immobilier), où on nous avait dit qu'on allait voir ce qu'on allait voir, et nous avons vu… Il est vrai que cette fois, les moyens seraient nettement supérieurs !