Rien de tel que Batimat, le salon de tous les professionnels du bâtiment, pour mesurer la révolution technologique que connaît cette branche : matériaux nouveaux, innovations techniques, qualité, contraintes environnementales, de santé et d'économies d'énergie, bref, nous sommes loin du bâtiment traditionnel et de ses vertus réelles ou mythiques ! A se demander si le gros des entreprises, encore largement artisanales, arrivera à suivre ! Le CSTB (Centre scientifique et technique du bâtiment) et ses experts nous récapitulent les grandes tendances pour les années à venir...

Les grandes évolutions annoncées ont presque toutes pour caractéristique de combiner plusieurs objectifs en même temps : économie d'énergie et lutte contre l'effet de serre (respect de la nouvelle réglementation thermique, particulièrement ambitieuse puis qu'elle ne vise pas moins de 20% d'économie pour les immeubles qui la respecteront)développement durable (matériaux et techniques favorisant la durée de vie et la facilité d'entretien, valorisation des déchets), la santé (qualité de l'air), le confort (chauffage, climatisation) et la sécurité (domotique) ; passons en revue quelques tendances avancées par les experts du CSTB :

Vitrages isolants, chasse aux ponts thermiques et conception mieux adaptée

On verra notamment le développement des vitrages peu émissifs, plus isolants que les vitrages actuels ; autre évolution attendue : le remplissage des doubles vitrages par des gaz de type argon.

En ce qui concerne les menuiseries, la réglementation induit de nouveaux développements pour les fenêtres à rupture de ponts thermiques, plus performantes du point de vue du coût.

Confort d'été oblige, dans le tertiaire où l'architecture du verre prédomine, les protections solaires devront être prévues dès la conception en fonction de l'exposition du bâtiment. Outre un développement du marché des stores et des volets, des solutions innovantes se font jour avec l'incorporation de stores dans les vitrages ou encore des masques architecturaux.


saut technologique dans les isolants

Dans un premier temps, il faudra procéder par diminution de la conductivité des isolants et le développement de l'isolation par l'extérieur ; en ce qui concerne les toitures, le renforcement de l'isolation dans le cadre de la nouvelle réglementation thermique, pose davantage de problèmes d'ordre économique que technique. Les toitures en pente vont nécessiter une augmentation de l'épaisseur de l'isolant en plancher comble.

D'ici cinq à dix ans, des progrès sont à attendre au niveau des performances de nouveaux isolants : matériaux nano-structurés, panneaux sous vide partiel, etc.


Du thermostat à " l'aérostat " en passant par le "luminostat"

Economies d'énergie, confort, qualité de l'air : même combat !

Les automatismes vont gagner du terrain avec la généralisation de la régulation. Dans le tertiaire, la régulation de la ventilation va se développer. A l'instar du thermostat pour le chauffage, un " aérostat " réglera les débits, en fonction de la présence des occupants ou encore de la qualité de l'air.

La prise en compte de l'éclairage dans les consommations d'énergie va conduire au développement de lampes plus performantes, de ballasts électroniques. Là aussi la régulation se développera avec des systèmes de gestion de l'éclairage et des "luminostats".

Des évolutions sont attendues du côté de la ventilation : ventilation naturelle assistée ou ventilation mécano-statique utilisant les effets naturels du vent et du tirage thermique ; la ventilation mécanique répartie, de par sa souplesse d'installation, va également se développer dans la construction neuve. Elle consiste à placer des ventilateurs d'extraction motorisés dans chaque pièce à caractère polluant, pour obtenir une efficacité proche de celle d'une VMC.
Dans la maison individuelle, la ventilation hygro-réglable, dans le cas du chauffage électrique, va se banaliser, avec une offre diversifiée.


Une nouvelle ère pour la domotique

Les technologies électroniques, le numérique et le sans-fil vont accélérer la généralisation des automatismes et donner naissance à une nouvelle génération de domotique avec, en plus, la connexion à l'Internet. De tels outils permettront une détection précoce des dysfonctionnements, d'organiser la maintenance, d'effectuer des réglages à distance, d'informer ou alerter les occupants sur les risques de défaillance.

Bien entendu, ces équipements auront aussi un développement important dans le domaine de la sécurité.


Chauffage, rafraîchissement, ventilation : l'eau, l'air, le soleil à la rescousse

L'importance croissante donnée à la ventilation et la nécessité de maîtriser les consommations conduira à concevoir des solutions constructives tirant le meilleur profit de l'inertie thermique, de la ventilation, de la protection solaire pour une amélioration du confort en période chaude. On s'oriente donc vers des systèmes combinant à la fois la ventilation, le chauffage voire la climatisation et utilisant l'air extérieur ou l'eau comme source de froid : systèmes de sur-ventilation nocturne, refroidissement de l'air par évaporation d'eau, tours de refroidissement associées à des émetteurs de type plancher ou plafond froid, pompes à chaleur réversibles pour assurer le confort d'été.

Les énergies renouvelables, notamment le solaire, font l'objet d'un important programme de relance : à l'horizon de 10 à 15 ans, on devrait assister au développement de centrales d'énergie et de confort qui comprendraient des systèmes énergétiques intégrés : cogénération, chauffage, eau chaude sanitaire, climatisation.
Au-delà de ces innovations techniques, l'architecture bio-climatique revient en force avec la démarche Haute Qualité Environnementale.


Déchets : un élément du développement durable urbain

Les opérations de réhabilitation au niveau des quartiers ou des villes vont générer des programmes de démolition/déconstruction qui vont produire des quantités importantes de déchets à traiter : ceux-ci sont susceptibles de devenir une matière première secondaire pour fabriquer de nouveaux produits, sous réserve de la faisabilité technique, économique et sociale, et de leur qualité sanitaire. Ainsi le bâtiment pourrait participer efficacement à la valorisation de ses propres déchets.


Bref, vaste programme ! Reste à savoir si les entrepreneurs du bâtiment, déjà souvent dépassés par les évènements, arriveront à suivre...

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