Le Figaro a analysé près de 54.000 annonces parisiennes de Airbnb. Résultat de cette enquète : près de 20% des annonces Airbnb dans la capitale appartiennent à des "multiloueurs". Dans le détail, plus de 2.000 annonceurs louent plus de deux appartements entiers à Paris, et ils sont plus de 120 à en louer au moins 10 ! De quoi faire redoubler d'efforts la mairie de Paris, qui multiplie les actions pour tenter de freiner la location illégale de meublés touristiques.
A elle seule, la plateforme Airbnb revendique plus de 60.000 annonces dans la capitale française. Un chiffre qui montre à lui seul l'ampleur du phénomène. Pourtant, depuis le 1er décembre, les loueurs doivent obtenir un numéro d'enregistrement sur le site de l'administration et le faire figurer sur leur annonce. Un dispositif applicable dans les villes de plus de 200.000 habitants et qui permettra à terme de vérifier que les hôtes ne dépassent pas, chaque année, les 120 nuitées de location légales de leur logement principal. A moins d'avoir obtenu un changement d'affectation (au delà de ce plafond, la location meublée de courte durée est considérée comme une activité commerciale), très difficile à obtenir puisqu'il faut proposer une "compensation" sous forme d'un retour d'une surface commerciale équivalente voire supérieure à l'habitation ! A défaut, l'amende peut aller de 25.000 à 50.000 euros par annonce non conforme.
Or, selon l'enquête réalisée par Le Figaro, sur les 54.000 annonces étudiées, 45.000 ne comportaient pas de numéro d'enregistrement à la mi-janvier. Ignorance, ou volonté délibérer de passer outre, espérant le "pas vu pas pris" ? Il est vrai que le décret des sanctions n'a pas encore été publié, comme l'a expliqué au Figaro Ian Brossat, adjoint à la mairie de Paris en charge du logement, de l'habitat durable et de l'hébergement d'urgence.
Airbnb se dédouane en arguant d'une campagne d'information à "grande échelle" et la mise en place d'un champ spécifique pour permettre aux hôtes d'ajouter leur numéro d'enregistrement. Pas au point pour le moment de bloquer la mise en ligne de l'annonce : le remplissage de ce champ reste en effet facultatif, et va probablement le rester... Airbnb préfére instaurer un compteur de nuitées pour les annonces qui se situent dans les 4 premiers arrondissements de Paris et bloquer les réservations quand les 120 jours de location par an sont dépassés. Un dispositif qui est loi de satisfaire la ville puisque, au vu de la loi, cette réglementation devrait être appliquée dans l'ensemble des arrondissements de la capitale et non seuls ceux choisis par la plateforme. Il y a quelques semaines, la mairie a mis en demeure la société américaine pour non-suppression des annonces illégales. En réponse, Airbnb a demandé un arbitrage. "La réglementation européenne en vigueur indique qu'aucun État membre ne peut contraindre une plateforme à exercer une surveillance généralisée de ses utilisateurs", expliquait en ce sens Emmanuel Marill, directeur d'Airbnb France, précédemment.
L'enquête du Figaro montre que, dans le détail, la présence d'un numéro d'enregistrement est plus fréquente pour les locations touristiques à un prix élevé, et les "super hosts" dans le vocabulaire d'Airbnb : les loueurs qui ont une longue expérience de location sur la plateforme. Chez ses personnes, le taux de numéros d'enregistrement avoisine les 40%. A l'inverse, seulement 13% des autres ont un n° d'enregistrement à ce jour !
Les données montrent que l'enregistrement est plus fréquent dans les annonces situées dans le centre de Paris. Un lieu qui regroupe de nombreux logements Airbnb et où certaines entreprises ont fait de la location de meublés touristiques un réel commerce. Dans le Marais (3e et 4e arrondissements), par exemple, il n'est pas rare de voir des entreprises de "gardiennage" ou des multipropriétaires louer plusieurs logements dans un même immeuble, indique le Figaro.
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